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autour du monde.

avec sa femme devant leur maison. Les Américains sortirent aussitôt, enlevèrent la femme des côtés de son mari, l’entraînèrent dans la demeure et fermèrent la porte. Le pauvre sauvage cria, hurla, frappa à la porte, redemanda sa femme ; au lieu de la lui rendre, les hommes sortirent, lui donnèrent des coups de bâton et le chassèrent. Le malheureux, tout meurtri, vint porter plainte à la ville. Et que fit-on aux lâches malfaiteurs blancs ? On les condamna à s’arranger avec le sauvage, c’est-à-dire à lui donner quelques perles de verre et autres bagatelles sans valeur. On se raconte naturellement ces cruautés de tribu en tribu, et il arrive souvent que, quand des blancs isolés vont chez les Indiens, la force étant du côté de ces derniers, ils font payer l’innocent pour les coupables. Beaucoup d’hommes, au-dessus des préjugés, me déclarèrent que les indigènes étaient inoffensifs partout où on les traitait avec amitié et bonté.

novembre. Nous quittâmes le dangereux wig-wam dans la matinée, et nous pensâmes au retour. Mon compagnon n’osait pas aller plus loin. Nous prîmes une autre direction, et nous arrivâmes sur le midi à un petit établissement formé par une douzaine de blancs. Ici encore, la première chose que je vis fut un grand wig-wam réduit en cendres. Les farmers vivaient, à cause des femmes, en guerre continuelle avec les Indiens. Ces derniers se vengeaient comme ils pouvaient, et ils avaient fini par tuer un des blancs. Alors les farmers mirent le feu au wig-wam et en chassèrent les habitants. Depuis, ils ne vont jamais travailler sans armes bien chargées, d’autant plus qu’il y a peu de temps, on s’aperçut de l’absence de quatre colons voisins. On trouva bientôt deux des corps à des endroits différents de la forêt, un troisième à une très grande distance de l’habitation des farmers, dans le petit fleuve, à l’endroit où ils vont prendre leur eau. Les colons nous dirent que, quand ils trouvèrent par hasard ce corps