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autour du monde.

Ils ferment la porte, font un bon feu et restent accroupis jusqu’à ce qu’ils soient tout à fait en transpiration.

Dans toutes ces tribus, il y avait aussi extrêmement peu d’enfants, quoique les habitants eussent l’air bien portants et vigoureux. On place les petits enfants dans des paniers étroits et longs, qu’on ferme avec un couvercle et que les mères portent sur leurs épaules. Ce fardeau n’empêche pas les femmes de s’occuper des travaux, qui, comme chez la plupart des peuples sauvages, leur incombent en grande partie, mais du reste ne sont pas considérables. Elles ont à faire la cuisine, à tresser les paniers et à ramasser les glands. Cette dernière occupation est la plus pénible : il faut souvent qu’elles aillent chercher les glands à plusieurs milles, et elles en rapportent de grosses charges ; car, lors même que leur mari les accompagne, il ne porte rien, ou ne prend qu’un tout petit fardeau.

Dans beaucoup de huttes, je trouvai les hommes occupés à jouer. Ils étaient assis en cercle autour d’un petit feu et tenaient à la main de petits bâtons étroits, dont la plupart étaient blancs, et dont quelques-uns seulement étaient noirs. Chacun jetait son bâton devant lui, de manière que tous les bâtons noirs tombassent bien loin du cercle des blancs. On ramassait de nouveau les petits bâtons, on les faisait passer derrière son dos de la main gauche dans la main droite, et on recommençait à les jeter. Il y avait beaucoup d’assistants, et deux musiciens qui avaient attaché des pinces d’écrevisse séchées sur un petit bâton et en frappaient sur une petite planche. Un autre jeu consiste à deviner au moyen de petites boules d’argile. On joue des coquillages, seule monnaie que les Indiens connaissent et qui ait une valeur pour eux. Ils achètent aussi leurs femmes avec cette monnaie. Quand ils jouent, ils le font ordinairement dans la hutte du chef. Les femmes sont exclues de la hutte pendant toute la durée du jeu. La passion de ces sauvages pour le jeu est si forte qu’ils jouent souvent plusieurs jours