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autour du monde.

feu jusqu’à ce que je me fusse étendue de nouveau à terre, en faisant semblant de dormir, puis elle se replaça à mon côté. Évidemment, on se méfiait de moi.

Le matin, la vie et le mouvement commencèrent bien avant le jour. L’on fit cuire énormément de provisions, et l’on fit un repas formidable. Pendant qu’on apprêtait le repas, j’allai à la pêche avec un Indien. Il prit une perche de 6 mètres de long, à laquelle était attachée par une longue corde une pique formée de petits os. Il lançait sa pique, et, suivant la force et la grosseur du poisson, laissait aller sa perche ou la tenait à la main : jamais il ne manquait son coup. La corde était faite de boyaux d’élan, très-artistement travaillée, et semblable à une forte corde d’instrument de musique.

novembre. Après le déjeuner, nous nous remîmes en route. Nous fîmes encore 16 ou 18 milles, constamment au milieu de bois magnifiques. Au bout de quelques milles, nous entrâmes sur le territoire de l’Oregon, et nous ne tardâmes pas à rencontrer des tribus d’Indiens de Rogue-River. Nous entrâmes dans plusieurs wig-wams. Mon guide, qui n’avait pas encore trouvé de poissons, cherchait à faire des échanges.

J’entrai, comme la veille, dans plusieurs huttes, pour étudier les mœurs et les habitudes des indigènes.

Les Indiens du nord de la Californie, et surtout ceux de cette contrée, sont au plus bas degré de la civilisation. Ils n’ont, dit-on, aucune notion de religion, aucune idée d’une vie future. Dans plusieurs wig-wams, on trouve une sorte de sorcier, d’homme merveilleux qui guérit, dit-on, les maladies, et, en cas de vol, indique le voleur et la place où l’on a caché les objets.

Les Indiens de la Californie et de l’Oregon ne scalpent pas et ne font pas de prisonniers : ils tuent les hommes, jamais les femmes. Si, pendant qu’ils se battent, une femme ou un enfant viennent à portée des traits, ils les