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mon second voyage

ou de peaux d’élan. On coupe la peau en bandes fort étroites, et on ne la laisse entière que sur une longueur de 8 ou 10 centimètres dans le haut. Elles la tournent deux fois autour de leur corps, et cela ressemble assez à une fourrure velue. Je vis de ces tabliers à de toutes petites filles qui pouvaient à peine marcher. Quant aux chefs, j’en vis par-ci par-là quelques-uns qui avaient une peau de bête jetée sur les épaules.

Le soir, nous arrivâmes à un grand wig-wam dont les habitants s’appelaient Huna-Indiens. Mon compagnon n’avait pas encore été aussi loin dans ses courses ; mais il connaissait parmi ces Indiens un jeune homme qu’il avait rencontré dans d’autres wig-wams, et à qui il avait acheté du poisson contre des perles de verre. Nous résolûmes de passer la nuit dans cet endroit. Il recommençait à pleuvoir, le froid devenait intolérable, et je dus m’estimer encore heureuse de trouver une petite place dans une de ces cavernes de terre, au milieu des indigènes dégoûtants et nus. Nous nous établîmes près du feu, qui pétillait gaiement au milieu de la hutte, et autour duquel étaient déjà accroupis cinq ou six Indiens. Bientôt la hutte se remplit tellement de curieux que la chaleur et les émanations devinrent étouffantes. Si, à moitié désespérée, je sortais pour prendre l’air, j’avais encore beaucoup plus à souffrir, non-seulement du froid et de la pluie, mais des habitants de tout le wig-wam, qui se pressaient autour de moi, et formaient un cercle si serré que je pouvais à peine bouger. Ils me tiraient de tous côtés, touchaient chaque pièce de mon habillement, depuis le chapeau jusqu’aux souliers. Une fois même, ils m’entraînèrent assez loin, jusqu’aux huttes les plus éloignées dans la forêt, et j’eus ensuite toutes les peines du monde à retrouver le toit de mon hôte.

Mon compagnon de voyage avait sur lui du sucre, du café et du pain. J’avais aussi un morceau de fromage et du pain. Il fit chauffer du café dans une bouillotte de fer-