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autour du monde.

et dédain. Je n’oublierai jamais les regards que ces trois hommes jetèrent sur moi et sur mon compagnon ; lorsque ce dernier leur adressa la parole, ce fut à peine s’ils daignèrent l’honorer d’une réponse.

Ces gens n’ont aucune idée de la valeur de l’or : la plus petite comme la plus grande somme pour eux, c’est cinq dollars. Je voulais acheter un de ces petits ronds qu’ils se passent dans l’oreille, et un des paniers à eau ; ils me demandèrent pour l’un comme pour l’autre de ces objets cinq dollars.

Je visitai aussi le soir, à Mary’s-Ville, les maisons publiques de jeu, de danse, et d’autres amusements. Je ne puis répéter d’elles que ce que j’ai déjà dit de celles de San-Francisco, dont elles sont des copies en petit. Je serais tentée de dire que la Californie a vu plus de vices et plus de crimes, depuis le court espace de temps que les blancs y sont établis, que pendant la suite de siècles où les Indiens l’ont habitée seuls.

Je retournai à San-Francisco par la même route, en passant par Sacramento. Les Américains vantent beaucoup les rives du Sacramento comme merveilleusement belles et riches. Je n’avais pas pu beaucoup en juger en venant, parce que j’avais voyagé de nuit. Je me remis donc en route dans l’attente de ces merveilles. Le jour était clair, le soleil brillant, et tout favorisait l’effet du paysage, mais ce fut en vain que je m’efforçai de découvrir ce magnifique pays qui fait l’admiration de centaines, de milliers de personnes. Les rives étaient bien couvertes d’une grande quantité d’arbres et de buissons ; mais à quelques pas dans l’intérieur toute végétation cessait, et le regard se perdait sur des plaines de sable et de poussière. Les arbres eux-mêmes, qui étaient surtout des chênes, des saules et des frênes, ne pouvaient s’appeler beaux : ils avaient, il est vrai, presque tous des troncs épais, de larges cimes, et des branches qui se courbaient au-dessus de