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mon second voyage

de feux allumés, et préparaient et mangeaient leur souper, qui se composait de poissons frits et de pain de glands de chêne, épais, ferme, très-humide, de couleur chocolat et d’un goût un peu amer. Pour préparer ce pain, ils font sécher les glands, les réduisent en poudre et les font cuire sans y mêler autre chose que de l’eau. Outre les poissons et les glands, ils mangent également tout ce qui leur tombe sous la main : lézards, sauterelles, grenouilles, insectes et autres petites bêtes, qui sont pour eux des friandises excellentes.

Je vis chez ce peuple beaucoup de fiévreux, quelques aliénés, et, ce qui me frappa, peu d’enfants. Les Indiens qui demeurent dans le voisinage des blancs meurent encore plus vite que ceux qui se réfugient dans les forêts. Les blancs leur donnent souvent en échange de leurs poissons de l’eau-de-vie, qui est un poison pour eux ; et qui, comme on l’a déjà remarqué, les rend malades et cause même leur mort. Un second fléau est la petite vérole, que les blancs ont apportée et dont les indigènes meurent aussi très-souvent.

Leur manque d’enfants tient principalement à ce qu’ils ne se marient que dans leur propre tribu : ils sont souvent tous unis les uns aux autres par des alliances.

Leurs mœurs sont bonnes, à ce qu’on dit. Aucune Indienne ne fréquente un blanc : elle serait expulsée de sa tribu où tuée. Si un blanc veut entretenir des rapports avec les indigènes, il faut qu’il cherche à gagner le chef par des présents.

Les trois plus anciens du peuple formaient un groupe assez pittoresque. Ils avaient quelques vêtements européens ; de riches parures de plumes sur la tête, et étaient assis tranquilles et immobiles au-dessus d’une de leurs huttes de terre. Ils semblaient, dans leur naïveté, regarder l’activité sans relâche des blancs leurs voisins, non avec étonnement et admiration, mais avec mépris