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autour du monde.

session du terrain. Une fois ce délai écoulé, où n’a plus de droit sur la place, et tout autre entrepreneur peut s’y établir.

Si quelqu’un peut prétendre, avec quelque apparence de vérité, qu’il y a de l’or dans un endroit, même à la place où est bâtie une maison, le propriétaire est obligé de lui céder le terrain moyennant dédommagement. Les mêmes lois sont suivies au Chili et au Pérou.

On travaillait énormément sur le fleuve, et les rives avaient l’air très-animé. Il y avait cinq mille hommes à peu près sur une étendue de 3 à 5 milles tout au plus. Des villages de tentes s’ajoutaient à des villages de tentes : les chercheurs d’or ne peuvent pas se bâtir de cabanes de bois, parce qu’à peine une place est-elle épuisée, qu’il faut aller en fouiller une autre. On se réunit ordinairement par nations pour le travail et le logement, Allemands, Américains, Chinois, etc.

Parmi les chercheurs d’or, il n’y en a, proportion gardée, qu’un petit nombre qui s’enrichissent. Ils ne peuvent travailler que huit mois de l’année, jusqu’à la saison des pluies. Le travail est très-pénible : on est obligé de rester dans l’eau toute la journée, et, pendant toute la belle saison, il faut renoncer à toute espèce de jouissances et de plaisirs. Les travailleurs vont passer les quatre mois de mauvais temps dans une ville et y vivent comme des matelots qui se retrouvent sur le continent après un long voyage. Des systèmes organisés de séduction les attirent de tous côtés : le tourbillon du plaisir entraîne les malheureux, et, lorsqu’ils se réveillent de leur ivresse, leur argent, si péniblement gagné, est trop souvent dépensé. Pauvres comme le jour où ils sont arrivés de leur patrie, mais fatigués de corps et d’esprit par la vie de dissipation de la ville, il leur faut recommencer leur pénible labeur, et heureux encore celui que son expérience préserve d’une rechute !