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mon second voyage

plaisance de me montrer tout le système en petit. Une pierre de quartz de cinq livres donnait de cette manière treize cents de valeur en or. Tout le monde a le droit de creuser ; mais, comme l’établissement d’un moulin coûte une somme assez considérable, les mineurs vendent leurs pierres à M. Huntley.

Le lendemain, on me conduisit au grand lavage d’or du Yuba. On y recueille l’or de deux manières. Les chercheurs d’or creusent des trous dans des endroits où l’eau dépose au bout de quelque temps de la terre et de la boue : dans la belle saison, le fleuve se retire un peu ; on enlève le dépôt, et l’on sépare l’or par le lavage. La seconde méthode, qui est bien plus grandiose, consiste à détourner le fleuve au moyen de digues. On construit à cet effet plusieurs auges de bois de 30 mètres de long, dans lesquelles on amène l’eau. On fouille alors le lit du fleuve, resté complétement à sec, et on lave la terre. Pour ces entreprises on forme une nombreuse association, et l’on partage le bénéfice à la fin de chaque semaine. On procède avec tant de justice et de loyauté, qu’il n’y a jamais de querelle. Chaque association choisit un chef qui fait le partage. Le propriétaire peut laisser tranquillement son trésor dans sa tente sans serrure ni verrou : on ne lui prend jamais rien. L’on n’était pas aussi en sûreté dans les premiers temps. Les chercheurs d’or se voyaient forcés de rétablir l’ordre et de se faire justice eux-mêmes. Ils pendaient les voleurs comme les meurtriers, sans autre forme de procès, et ce moyen était excellent.

Celui qui ne veut pas travailler lui-même trouve des gens qui se louent. Beaucoup préfèrent un gain sûr à un gain incertain. On leur donne de 6 à 8 dollars par jour.

Chaque individu ou chaque compagnie peut choisir une place libre pour y chercher de l’or : seulement, le travail doit être commencé quinze jours après l’entrée en pos-