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autour du monde.

L’on ne resta pas longtemps à table, et l’on ne dit presque pas un mot ; les Américains avalaient les mets tout bouillants et presque sans les mâcher. Ils n’en prenaient pas le temps, quoique personne n’eût rien à faire, mais c’est leur habitude de traiter tout comme une affaire, et de faire tout vite et avec la plus grande précipitation. On ne but que de l’eau. On me dit que les Américains préféraient prendre les liqueurs spiritueuses à différents moments de la journée et en petite quantité. En tout cas, je crois qu’ils sont bien inférieurs aux Anglais pour la boisson, car le café et le thé n’étaient pas non plus très-forts, et l’on n’en but que très-peu.

Le trajet jusqu’à Mary’s-Ville fut très-long ; le fleuve avait peu d’eau à cette époque de l’année, et à chaque instant nous nous engravions dans des bancs de sable. On apercevait çà et là quelques collines, et dans le lointain des chaînes de montagnes.

Je m’arrêtai à six milles de Mary’s-Ville, dans la farm[1] du général Sutter. Il était six heures du soir quand on me débarqua. Je ne connaissais ni route ni sentier ; mais la farm n’était pas bien éloignée. Quand j’arrivai à la haie du jardin, une demi-douzaine de gros chiens se précipitèrent sur moi. Je restai tranquille, sachant bien que les chiens qui aboient ne mordent pas. Tout était déjà plongé dans le plus profond sommeil. Enfin quelqu’un fut éveillé par les cris des chiens, et l’on fit à l’hôte attardé le plus aimable accueil.

Le général Sutter, Suisse de naissance, n’a pas seulement découvert la première mine d’or, comme je l’ai dit plus haut : il s’est distingué comme soldat dans la dernière guerre contre les Mexicains. Il vit dans ses propriétés, qui sont considérables.

  1. Farm est le nom de toute espèce de bien de campagne, grand ou petit.