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autour du monde.

l’hôpital. Pour en obtenir l’entrée, il me fallut faire une foule de courses et demander une demi-douzaine de permissions.

Lorsque je présentai mon permis au directeur de la prison, il y eut un curieux malentendu. Comme à San-Francisco personne ne prend le temps de visiter un établissement où une affaire ne l’amène pas, le directeur pensait que j’étais venue pour parler à un prisonnier. Il ne lut pas du tout ma permission, regarda seulement mon nom, réfléchit quelque temps, et finit par me dire qu’il ne pouvait pas se rappeler qu’il y eût un prisonnier de ce nom dans la prison. L’explication suivit naturellement.

La prison se compose de chambres sombres et humides, chacune pour six personnes, et si petites, si étroites, que les prisonniers ont à peine assez de place pour se coucher. Le sol n’est pas planchéié, il n’y a ni bancs ni lits, et, quand on n’a pas apporté soi-même de couvertures ou de coussins, on est obligé de s’en passer. La nourriture est assez bonne : elle se compose de soupe, d’un morceau de viande et d’une portion suffisante de bon pain.

Il y a six mois, la prison reçut une visite tout à fait inattendue : une troupe de quatre-vingts à quatre-vingt-dix hommes demandèrent à la visiter. Quand on leur eut ouvert la porte, ils s’emparèrent des clefs, firent sortir un criminel que le peuple aurait voulu voir jugé depuis longtemps, et qui, grâce à l’indolence habituelle des juges, en aurait été quitte pour une peine légère, et le pendirent devant la prison.

L’hôpital est assez bien, surtout si l’on songe qu’il a été construit en 1849. Tout était encore si cher à San-Francisco qu’il est étonnant que des souscriptions volontaires aient fourni les sommes nécessaires à la construction d’un hôpital aussi bien organisé, et qui comprend déjà trois cents lits. Les malades payent quinze dollars par mois dans les salles communes, et vingt-cinq dans les chambres particulières ;