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mon second voyage

on le frappait au milieu de la rue. Les duels avaient lieu également en public ; les adversaires tiraient l’un sur l’autre sans prévenir les passants et sans crier : « Gare ! » Quelquefois la balle, au lieu d’atteindre un des combattants, frappait un homme tout à fait étranger à la querelle ; mais cela ne faisait rien : on ne demandait compte à personne de cet accident.

À cette époque, on était beaucoup plus sévère pour les voleurs, non pas le Tribunal, qui dormait aussi profondément et, s’il se peut, plus profondément encore qu’aujourd’hui, mais les particuliers. Ils s’unirent entre eux et se firent justice eux-mêmes. Le premier voleur qu’ils prirent, ils le pendirent aussitôt sur la plaza (place publique) : cela fit son effet[1], et pendant longtemps les vols cessèrent.

Comme on le voit, la plaza est un endroit extrêmement intéressant pour les habitants. Aujourd’hui elle ne sert plus de théâtre à des scènes aussi tragiques ; au contraire, plus d’un homme en revient meilleur : un bon et digne missionnaire, M. Taylor, y fait tous les dimanches d’excellentes prédications. J’en entendis plusieurs, et toutes me firent grand plaisir. Il savait remuer le cœur et l’âme de ces gens, et tirer de la manière la plus convenable ses exemples de la vie ordinaire. On voyait que cet homme excellent s’était fait missionnaire par une vocation vraie et profonde. On l’écoutait avec la plus grande attention, et plus d’une personne venait lui témoigner sa reconnaissance en lui serrant les mains. À mon avis, les chrétiens auraient encore plus besoin de bons missionnaires que les païens. Il y a un vieux proverbe allemand qui dit : « Commence par balayer devant ta porte. »

Après les établissements publics, je visitai la prison et

  1. Cette justice, appelé justice de Lynch, a été souvent employée par le peuple des États-Unis, surtout dans les commencements.