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autour du monde.

très-riche ; mais les rois du règne végétal, les arbres majestueux, les bosquets élégants, aucune époque de l’année ne les voit naître.

Ce que je trouvai d’admirablement beau à San-Francisco, ce sont les chevaux et les mulets : ils sont tous importés par terre des plains (plaines) de l’Amérique du Nord. Chevaux et mulets sont très-grands et très-forts. Il y a des chevaux avec lesquels on peut faire 60 milles en un jour. Les mulets portent trois quintaux. Les chevaux des voitures de louage et des omnibus sont incomparablement plus beaux qu’à Londres. Les voitures de louage sont d’une magnificence remarquable : on ne peut rien voir de plus beau en ce genre ; mais aussi chacune de ces voitures coûte, dit-on, jusqu’à 4 000 dollars.

Les relations sont très-faciles et très-promptes. Des bateaux à vapeur sillonnent la baie, naviguent sur les fleuves ; des stags-coaches, qui ont leurs relais comme les voitures de poste, traversent le pays dans toutes les directions ; on a aussi ouvert une ligne télégraphique qui va jusqu’à Sacramento, en passant par San-José, ce qui fait une étendue d’environ 130 milles.

Un soir, je visitai les maisons de divertissement public ; les maisons de jeu furent ce qui m’intéressa le plus, parce que je n’en avais pas encore vu. Ce qui me frappa surtout, ce fut la société excessivement mêlée qui s’y trouvait. À côté du dandy élégant se tenaient le matelot et le mineur en chemise de laine rouge, sans jaquette, les mains encore noires et souillées de goudron, les bottes pleines de boue jusqu’en haut. Les riches et les gens salement habillés n’avaient devant eux que des pièces d’or et de gros écus. Il y a deux ans on ne voyait, m’a-t-on dit, que des pièces d’or. Sur aucune figure, ni sur celle du bouillant Français, ni sur celle du vif Mexicain, on ne pouvait lire l’entraînement ou la passion, quoique