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autour du monde.

m’oppressait, m’étouffait. Les plus grandes pièces sont si exiguës, qu’on serait certainement très-embarrassé si l’on avait dix ou douze personnes à table. Je ne parle pas, bien entendu, des petites chambres et des petits cabinets : on les dirait faits pour des Lilliputiens. Cela me frappait naturellement d’autant plus que je venais justement de Batavia, où les pièces de réception sont si grandes que toute une maison d’ici y tiendrait facilement. Ces maisons de grillons, qui composent encore aujourd’hui la moitié de la ville, contiennent d’ordinaire cinq ou six trous qu’on appelle bien à tort des chambres. L’ameublement est riche, trop riche, car tous ces beaux meubles ôtent presque toute la place au malheureux habitant. Les parquets sont couverts de tapis magnifiques ; les murs, de tentures et de rideaux.

Dans les grandes maisons neuves, construites en briques, la plupart des pièces, et surtout des pièces à coucher, sont très-petites. On me dit que c’était la mode américaine.

En revanche, je trouvai les magasins merveilleusement grands et beaux ; beaucoup peuvent rivaliser avec ceux des plus grandes villes d’Europe, tant ils sont riches en marchandises, tant ils sont élégamment et magnifiquement arrangés. Les plus grands et les plus beaux magasins se trouvent dans la rue Sacramento-Kle-Montgomery et sur la place. La ville abonde en maisons de jeu, en bals, en cafés et en tavernes. Il y a déjà six théâtres, où l’on joue en anglais, en français, en allemand et en espagnol. Il paraît treize journaux : on compte dix-huit grandes imprimeries, et en outre beaucoup de petites qui s’élèvent pour mourir le lendemain. On a construit vingt-six églises de toutes sectes ; mais la plupart sont tout à fait insignifiantes.

Dans la société, il règne un très-grand luxe ; pour celui qui aime le monde, il est sûr de trouver tous les soirs, dans les réunions privées ou dans les cercles publics, plus