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mon second voyage

particulière attira pourtant l’attention : on l’examina de plus près, et l’on reconnut que c’était un bloc d’or pur. L’exportation de l’or produisit jusqu’à la fin de 1849 environ 20 millions de dollars, en 1850, 40 millions, et depuis cette époque on compte par mois une moyenne de 5 millions, somme énorme aux États-Unis comme en Europe.

Revenons pourtant à mon arrivée à San-Francisco.

Je n’avais pas de lettres de recommandation : je ne pouvais par conséquent m’adresser à personne, et je ne savais que trop bien que cet endroit était excessivement cher et convenait bien à des commerçants, mais non à des voyageurs dont la bourse va toujours se vidant sans jamais se remplir. Je passai tout le premier jour, depuis le matin de très-bonne heure jusqu’au soir très-tard, à chercher un logement qui fût relativement bon marché. Fatiguée, n’ayant pas réussi dans mes recherches, je retournai au vaisseau, où le bon capitaine Feenhagen m’avait offert de me garder tout le temps qu’il resterait dans le port. Mais le soir même je reçus une lettre d’invitation très-aimable, pour tout le temps de mon séjour, de la maison anglaise Colquhonn Smith et Morion, qui m’était tout à fait inconnue. On me connaissait déjà ici par mes précédents voyages, et à peine eut-on vu mon nom parmi ceux des passagers, qu’on m’envoya l’invitation à bord. Je n’ai pas besoin de beaucoup de paroles pour dire la manière aimable dont je fus reçue, et l’empressement qu’on mit à m’aider en toutes choses. Je quittai peu de familles avec autant de regret que celle-là ! Le consul autrichien, M. Édouard Vischer, eut aussi beaucoup de complaisances pour moi. Il faisait une heureuse exception parmi la plupart des consuls autrichiens que j’avais rencontrés jusque-là dans mon voyage. Je souhaiterais du fond du cœur que plusieurs de ces messieurs lui ressemblassent. M. Vischer a d’ailleurs la réputation d’un homme très-bon et très-aimable.

La vue des maisons étroites et basses qu’on habite ici