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n’ont eu aucun « moyen juste de s’y opposer », un traité a été conclu avec lui ; c’est ce que nous indique l’extrait suivant d’un Mémoire adressé aux sieurs marquis d’Amblimont et Robert : « La disette de nègres ne pourra plus servir à l’avenir de prétexte aux habitants pour se dispenser de s’adonner aux différentes cultures dont ils pourraient tirer de l’utilité, puisqu’outre ceux que la Compagnie du Sénégal y porte, elle a permis à plusieurs marchands de passer en Guinée pour en prendre, et, en attendant que la Compagnie établie pour ce pays puisse se rétablir et recommencer son commerce, elle a agréé la proposition qui en a été faite par le sieur Boitard d’en porter 2.000 aux Îles-du-Vent, qu’il traitera avec les Danois ou les interlopes des autres nations, et lui a accordé, pour le mettre en état d’y parvenir plus promptement, les mêmes exemptions qu’aux Compagnies, suivant l’arrêt dont ils trouveront ci-joint copie[1]. » Cet arrêt est du 27 mai 1698[2] ; mais il est curieux de constater qu’il fut révoqué par un autre du 10 février 1699[3], parce que le concessionnaire avait traité de cette fourniture avec les Hollandais, alors pourtant que c’était chose entendue.

Les Compagnies du Sénégal et de Guinée avaient tâché elles-mêmes de se procurer des nègres étrangers. Ayant conclu, le 21 janvier 1698, avec les habitants de Saint-Domingue, un traité par lequel elles s’engageaient à leur fournir 1.000 nègres chacune, elles essayèrent de se les procurer à Carthagène, à la suite de la prise et du pillage de cette colonie espagnole par Pointis[4]. Toutefois, elles n’y réussirent pas, car un arrêt du Conseil d’État, du 25 juin 1701, les condamna à rendre 100.000 livres aux habitants de Saint-Domingue « pour la non-exécution du traité fait avec

  1. Arch. Col., B, 21, p. 102. Mémoire du 20 août 1698.
  2. Moreau de Saint-Méry, I, 589.
  3. Id., Ib., p. 590.
  4. Cf. Relation de ce qui s’est fait à la prise de Cartagène scituée aux Indes espagnoles par l’escadre commandée par M. de Pointis. Bruxelles, 1698, In-12. — Voir aussi d’Archenholtz, op. cit., p. 243 à 291.