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Nous trouvons un cas assez singulier, à la date du 15 août 1748[1] : d’après un ordre du roi, la négresse Marie-Magdelaine a été envoyée en France par la veuve Cahouët en 1733, et attachée alors par elle au service de sa fille, avec promesse de l’affranchir. Cependant la demoiselle Cahouët l’a congédiée après plusieurs années de service assidu, parce qu’elle ne se trouvait plus en état de l’entretenir, comme l’atteste un certificat qu’elle lui a délivré, le 11 avril 1745 ; son frère a consenti à l’affranchissement et, depuis, la négresse a travaillé à gagner sa vie. Mais elle est réclamée aujourd’hui par le sieur Lamanoir, qui a épousé la veuve Cahouët. Or celle-ci n’a pas fait les déclarations voulues ; la négresse aurait donc dû être confisquée. Mais, vu les circonstances particulières où elle se trouve, Sa Majesté l’a affranchie, à condition qu’elle repasse dans six mois à Saint-Domingue. — En revanche, la mulâtresse Rosette, quoique mariée à Paris, à la paroisse Saint-Eustache, à un blanc, valet de chambre de M. de Chanvallon, est envoyée à la Martinique pour y être vendue[2].

Une lettre ministérielle, du 11 mai 1752, à MM. de Bompar et Hurson[3], les prévient d’un ordre autorisant la demoiselle de Crezol à garder en France encore pendant trois ans la négresse Pancrasse et à affranchir une autre de ses esclaves, nommée Marie-Thérèse. En même temps il est observé que les nègres se multiplient trop en France et qu’il y a lieu de tenir la main à l’exécution de la Déclaration du roi sur cette matière. — Le 18 octobre 1753, une lettre analogue est adressée aux administrateurs de la Martinique[4]. « Il est certain, y est-il dit, qu’il y en a actuellement beaucoup de répandus dans toutes les villes du royaume, et principalement dans les ports. » Le Ministre parle des habitudes et des con-

  1. Arch. Col., B, 87, Îles-sous-le-Vent, p. 27.
  2. Ib., F, 134, p. 82. Pas de date.
  3. Ib., B, 95, Îles-du-Vent, p. 19.
  4. Ib., F, 258, p. 741.