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cierge, est condamné à un emprisonnement de deux mois, 10 livres d’amende et 50 applicables au pain des prisonniers. Il est dit que le fait n’est pas suffisamment prouvé pour entraîner le bannissement perpétuel[1]. — Dans une lettre à MM. de Clieu et Marin[2], le Ministre approuve un jugement rendu contre 7 esclaves meurtriers du sieur Dugès, économe du marquis de Senectere, qui ont été condamnés à la roue. Mais il fait observer qu’il y a « des excès commis contre les nègres » et que, par exemple, il n’était pas nécessaire de donner la question au nègre Bourguignon pour l’obliger à déclarer les coupables. « S’il est nécessaire de faire des exemples pour contenir les nègres, il faut aussi tenir la main à ce que leurs maîtres les traitent avec humanité, qu’ils leur fournissent ce qui est nécessaire pour leur subsistance et que les habitants ne puissent pas impunément exercer des cruautés contre eux. »

Par le fait, la justice intervient de plus en plus en faveur des esclaves. Le 8 juin 1746, le nommé Foucault se voit confisquer une négresse qu’il a maltraitée ; de plus, il doit payer 2.000 livres pour l’entretenir et 3 livres d’amende ; il est déclaré « incapable de posséder à l’avenir aucun esclave ». Et le Ministre ratifie la décision[3]. — En janvier 1756[4], un sieur Blain, ayant tué à force de coups un nègre d’un sieur Dunel, est condamné à faire amende honorable, en chemise, la corde au cou, tenant un cierge, puis à être marqué de la fleur de lys et à servir comme forçat à perpétuité sur les galères ; tous ses biens sont confisqués. Il est vrai qu’il est condamné par contumace. Sur appel, il est condamné à être pendu (en effigie). — Une lettre du Ministre à l’intendant de la Martinique[5] parle d’un maître qui mal-

  1. Arch. Col., F, 226, p. 161, 21 mars 1744.
  2. Arch. Col., B, 78, Îles-du-Vent, p. 81, 30 octobre 1744.
  3. Arch. Col., B, 82, Îles-du-Vent, p. 16. Lettre à M. de Ranché.
  4. Arch. Col., Ann. Mart., F, 245, p. 419.
  5. Arch. Col., F, 259, p. 227, 26 octobre 1757.