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Nous lisons dans une lettre du Ministre à MM. le Marquis de Sorel et Montholon, administrateurs de Saint-Domingue[1] : L’intention de Sa Majesté est que, « tous les ans, on continue de commander, comme il est d’usage, un quart ou un cinquième des nègres des habitants pendant la morte saison, qui est pendant les trois derniers mois de l’année, pour travailler à l’entretien des forts et aux ouvrages publics ». En 1764, le Conseil d’État rendit un arrêt[2] réglant les impositions à la Martinique en vue de relever la colonie. Tous les habitants devaient être exempts de toute corvée de nègres « pour raison des forts et autres ouvrages publics, à l’exception de ceux nécessaires aux chemins et à la correspondance des affaires du gouvernement ». Ceux des habitants qui avaient moins de 44 nègres furent exempts de la moitié du droit, et ceux qui en avaient moins de 25 jouirent d’une exemption de 15 livres sur 24. On accordait un dégrèvement de 9 livres par tête aux caféiers et autres cultivateurs ayant moins de 30 nègres, de 15 livres à ceux qui en avaient moins de 15, et du droit entier à ceux qui se trouvaient hors d’état de supporter aucune imposition. Mais, pour profiter de ces faveurs, il fut nécessaire de justifier qu’on avait augmenté le nombre de ses nègres et de ses cultures. Les esclaves nouvellement introduits étaient affranchis de tout droit pendant trois années, et, pour les trois suivantes, ils devaient payer seulement la même somme que ceux pour lesquels le maître profitait d’une des exemptions indiquées plus haut. Une ordonnance des administrateurs de Saint-Domingue, du 27 octobre 1770[3], prescrit que les nègres seront fournis sur le pied d’un par 20 et plus, s’il est nécessaire, jusqu’à l’achèvement de certains travaux reconnus nécessaires pour les chemins. Les réquisitions étaient laissées à peu près à l’arbitraire des administrateurs, suivant les nécessités de l’intérêt général.

  1. Arch. Col., B, 45, p. 669, 8 février 1722.
  2. Durand-Molard, II, 292, 25 février.
  3. Moreau de Saint-Méry, V, 328.