Poincy, qui en avait 7 à 800, avait fait entourer leur quartier de murailles et leur avait fait bâtir des cellules de pierre et de brique. Ce quartier s’appelait la ville d’Angole ; mais, une partie ayant été détruite par le feu, depuis ils se sont bâtis comme les autres. »
« Leur lit fait peur à voir, et il n’y a personne qui ne le crût plus propre à faire souffrir un corps qu’à lui procurer le repos nécessaire pour réparer les forces. Ce lit est composé de branches d’arbres entrelacées en forme de claie et élevé de 3 pied de terre sur quatre gros bâtons ; mais il n’y a ni draps, ni paillasse, ni couverture. Quelques feuilles de baliziers[1], dont ils ôtent la grosse côte, leur servent de paillasse, et ils se couvrent de quelques méchants haillons pour se garantir du froid, qui leur est d’autant plus pénible pendant la nuit qu’ils ont eu pendant tout le jour les pores ouverts par la chaleur extrême où ils sont exposés en travaillant. » Les seuls objets que l’on trouve, d’ailleurs, dans leurs cases, sont quelques calebasses.
Assurément il n’y a pas lieu de s’attendrir outre mesure sur ce manque de confortable ; car, dans leur pays d’origine, les nègres n’étaient guère mieux sous ce rapport, et ils ne s’en trouvaient pas trop mal.
III
Ce qui avait pour eux plus d’importance, c’était la nourriture. À ce point de vue non plus ils n’auraient pas été trop malheureux, si l’on s’en rapportait aux ordonnances. Avant le Code Noir, il ne semble pas que rien ait été déterminé d’une manière précise à ce sujet, car, s’il est ordonné à plusieurs reprises de nourrir les nègres, on ne dit pas comment. Dès le 13 juillet 1648, une ordonnance du gouverneur
- ↑ Le balizier est une sorte de roseau appelé aussi canne d’Inde. Cf. Du Tertre, II, 126.