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II

Lorsque les navires arrivaient aux îles, les capitaines devaient prévenir immédiatement le gouverneur général ou son représentant[1], Ils étaient aussitôt soumis à la visite d’un médecin, qui ne les autorisait à débarquer que si les nègres étaient exempts de toute maladie contagieuse. Cette précaution, à laquelle on ne paraît pas avoir songé tout d’abord, ou plutôt devant laquelle on reculait de peur de décourager le commerce, fut prise lorsque l’expérience eut montré combien elle était nécessaire. Une Ordonnance des administrateurs généraux des îles, du 18 janvier 1685[2], parle des maladies contagieuses produites « par l’infection que le nombre des noirs embarqués cause » ; elle rappelle une épidémie déterminée en 1669 par le débarquement de noirs malades et prescrit, en conséquence, une visite sanitaire avant que la cargaison ne soit mise à terre. Nous avons trouvé aux Archives coloniales[3] un certificat manuscrit de visite d’un négrier par François Allard, docteur en médecine, et Alexandre Duga, chirurgien, daté du 15 janvier 1686, Il s’agit du navire la Renommée, appartenant à la Compagnie d’Afrique. Il est constaté que 20 nègres sont atteints de la petite vérole, et Duga les fait amener sur son habitation pour les soigner. Dans un Mémoire du roi en date du 3 septembre 1690, adressé à M. Dumaitz[4], Sa Majesté approuve qu’il oblige les nègres attaqués de la petite vérole, venant de

  1. Cf. Durand-Molard, Code Martinique, I, 144, Ord, royale du 3 avril 1718 ; p. 229, Ord, roy, du 25 juillet 1724 ; p. 289, Lettres pat. d’oct, 1727 ; p. 360, Déclar, royale du 3 octobre 1730 ; p. 602, Réglement du 8 mars 1751. — Voir aussi un Règlement des administrateurs du Cap sur la police du port, 1er août 1970.
  2. Moreau de Saint-Méry, I, 406.
  3. F, 141 bis.
  4. Arch Col, F, 249, p. 451. Voir aussi, p. 1032, Lettre du Ministre au marquis d’Amblimont, 8 avril 1698. — Mêmes recommandations aux administrateurs de Saint-Domingue, le 15 août 1721. Arch. Col., B, 44, p, 452.