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partiments où couchent les captifs, et on passe partout une éponge mouillée de vinaigre. — Les bailles de commodité sont jetées toutes les deux heures et lavées chaque fois, même la nuit.

Art. 3. — Tous les matins, sur le pont, on fait laver la bouche aux noirs avec de l’eau et du vinaigre, du jus de citron ou quelque autre antiscorbutique. Ils se lavent aussi le visage, les mains, les pieds, etc.

Art. 4. — Deux ou trois fois par semaine, ou les fait baigner, si le temps le permet.

Art. 5. — « Tous les quinze jours ou trois semaines, on fait raser la tête à la cargaison, ainsi que toutes les parties du corps qui en sont susceptibles. Ce soin leur fait beaucoup de plaisir, en ce qu’ils sont dans cet usage dans leur pays. On leur fait également couper les ongles aux mains et aux pieds. »

Art. 6. — Il est d’usage de tenir les captifs nus pour éviter la vermine. Aux femmes seulement on donne un quart d’aune pour couvrir leur nudité, et un peu de linge pour les soins du corps.

Art. 7. — Après les repas, on leur fait laver la bouche, et on leur demande s’ils ont été contents de leur manger ; quand il arrive à l’un d’eux d’en être mécontent, il n’hésite pas à se plaindre. — Tous les matins, les chirurgiens visitent la bouche des captifs et leur demandent s’ils souffrent de quelque chose. Dans ce cas, ils sont immédiatement soignés. — On donne des soins particuliers aux femmes qui accouchent à bord.

On le voit, tout ce dernier article est presque attendrissant. Pauvres nègres, s’ils allaient tomber malades et succomber ! Un corps de plus à la mer, et au minimum 500 livres de moins dans la bourse du négrier.

Faut-il, en regard de ce tableau que nous offre ledit règlement, en montrer un autre ? Qu’on lise ce court passage extrait du Compte rendu de la séance de la Chambre des communes d’Angleterre, du 9 mai 1788[1]. Nous l’avons choisi entre bien d’autres, parce qu’il nous a paru caractéristique. Il est vrai que c’est un document anglais, et que les Français passaient généralement pour mieux traiter leurs esclaves. Mais nous sommes bien obligés de reconnaître qu’à peu de chose près tous les négriers devaient se ressembler. William Dolben s’adresse donc à ses collègues en faveur des esclaves : « Il ne parle ni de leurs souffrances dans leur

  1. Extrait des Parlementary Register, t. XXIII, p. 595. Cité dans un volume manuscrit des Arch. Col., intitulé : Traite des nègres, F, 128.