blant de légalité. Ainsi nous lisons cette déclaration dans l’interrogatoire de l’écuyer Jean Fontaine, appelé à déposer devant la Chambre des Communes en Angleterre : « Je sais qu’on a vendu des hommes comme esclaves pour avoir volé un épi de blé[1] ». L’administrateur Le Brasseur écrit[2] : « Un nègre simplement accusé d’être sorcier est sur-le-champ vendu aux Européens, et il n’est pas d’exemple qu’en ce pays, où la polygamie est en usage, l’adultère ait jamais été pardonné. » Ce témoignage est confirmé par Isert[3]. Les nègres condamnés solennellement comme coupables du crime de sorcellerie sont « ordinairement étranglés et ensuite brûlés[4] ». Ce sont leurs complices que l’on vend et souvent aussi leur famille. « J’ai acheté une fois, dépose l’écuyer Bernard Weuves, une famille entière composée de 9 personnes. Un membre de la famille avait été accusé de sorcellerie, et tout le reste me fut vendu[5]. » Les noirs avaient, en effet, une telle frayeur des sorciers qu’il leur fallait absolument s’en débarrasser ; nous constaterons quel rôle jouaient les maléfices parmi les esclaves aux Antilles. Pour cette imputation de sorcellerie, il se pratiquait aussi une sorte d’épreuve ou d’ordalie, depuis la rivière de Sierra-Leone jusqu’aux extrémités les plus reculées de la côte d’Or. L’accusé était d’abord astreint à un jeûne de vingt-quatre heures ; puis, on lui faisait avaler l’eau rouge. « C’est un breuvage fait avec l’écorce de l’arbre appelé Adoom, infusée dans de l’eau et qui forme une espèce de poison[6]. » S’il se
- ↑ Arch. Col., F, 128.
- ↑ Mémoire de 1779. Arch. Col., F, 61.
- ↑ Op. cit., p. 199. « Lorsqu’un nègre ordinaire est attrapé auprès de la femme d’un autre, ce dernier a le droit de le vendre, ou bien il doit se racheter de la valeur de sa personne. Si l’adultère est commis avec la femme d’un grand, il doit payer la valeur de trois esclaves ; et, si c’est une des femmes du roi, on fait mourir le séducteur, et sa famille est vendue. »
- ↑ Arch. Col., F, 128. Interrogatoire du capitaine John Knox.
- ↑ Id., ib.
- ↑ Clarkson, Essai sur les désavantages politiques de la traite des nègres, etc., p. 45.