guinéen[1]. » Il est, comme on le sait, représenté par un prognathisme accentué, les yeux à fleur de tête, le nez écrasé, les lèvres épaisses, les dents très blanches, les cheveux courts, laineux et crépus, un système pileux d’ailleurs peu développé, une taille presque toujours au-dessus de la moyenne, la peau huileuse et sentant fort. La force musculaire du nègre et sa résistance à la fatigue sont des plus grandes.
Moralement, c’est « un grand enfant, tout à l’impression du moment et absolument esclave de ses passions. Aussi les contradictions les plus surprenantes se manifestent dans sa conduite. Il est léger, inconsistant, gai, rieur, amoureux du plaisir avec emportement, fou de danse, de tapage, de parure bizarre et éclatante[2]. » Une indolence naturelle sans égale, dont la force et la cruauté ont seules triomphé pour lui faire produire un labeur prodigieux, une sensualité débordante, une tendance invincible au larcin, un manque absolu de prévoyance, une superstition sans bornes, favorisée par une intelligence médiocre, incapable de s’élever à la moindre conception abstraite, une timidité d’esprit facilement en proie à des terreurs imaginaires, malgré le courage incroyable dont ils font preuve en face du danger réel, telles paraissent être les causes du peu de progrès que les nègres ont jamais accomplis et la raison pour laquelle ils se sont si aisément laissé réduire en esclavage. Ils sont très attachés à la terre natale et professent pour l’inconnu la crainte généralement commune aux ignorants ; c’est ce qui explique, sans parler de la brutalité dont ils furent victimes, le désespoir de la plupart d’entre eux, dès qu’ils étaient transportés au loin.
Ces traits généraux, nous les retrouverons plus ou moins persistants, plus ou moins modifiés par l’habitude et une certaine éducation chez les esclaves des Antilles. Ils serviront à nous faire comprendre, sans l’excuser, hâtons-nous de le dire, le régime auquel ils furent soumis.