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ne s’y arrêtent guère que pour essayer de commencer la traite en se rendant à la côte d’Or.

La côte d’Or est surtout occupée par des forts ou comptoirs anglais, hollandais et danois, jusqu’à la rivière de Volta[1]. Il avait été question d’établir un fort à Anamabou[2], mais les Français se sont laissé devancer par les Anglais. Ils conservent cependant leurs droits, et l’intention de Sa Majesté est de faire aussi des établissements pour favoriser la traite. Nous constatons, d’après un Relevé des chiffres de la traite française[3], fait en 1782, que les Français avaient une loge au Petit-Popo et un fort au Grand-Popo.

Le royaume de Juda est entre les rivières de Volta et de Formose. Les Français y ont leur comptoir, comme les Anglais et les Portugais. C’est un des points les plus importants pour la traite qui s’étend dans tous les lieux circonvoisins. À chaque instant, en effet, il est question de Juda dans la correspondance d’Afrique, et le Ministre écrit fréquemment à l’agent qui dirigeait le comptoir. Mais il aurait fallu, à ce moment, un autre poste à Portenove.

La rivière de Formose, lisons-nous encore dans le Mémoire de 1785, est peu connue jusqu’à présent ; la barre qui est à son embouchure oblige parfois les navires à attendre trois à quatre mois le moment favorable pour la franchir ; « alors l’insalubrité de l’air emporte souvent plus de la moitié des équipages et des cargaisons de noirs ». Le capitaine Landolphe, se trouvant dans cette position, fut secouru à la fin de 1783 par le roi d’Eher. Ayant lié amitié avec lui, celui-ci lui promit toutes facilités pour la traite et envoya même son fils en

  1. « La rivière Volta a reçu ce nom des Portugais à cause de son entrée dans la mer qui a l’air d’un saut. » Isert, Voyage en Guinée, etc., trad. fr., p. 201. — Cf., pour cette partie des côtes, Walckenaër, Hist. gén. des voyages, t. X, liv. XI, intitulé : Résumé des premiers voyages aux côtes de Guinée entre Rio Volta et le cap Lopez Gonsalvo.
  2. « En 1749, les Français voulurent s’approprier Anamabou ; ils en furent chassés par les Anglais. » Arch, Col., F6, carton B : Police des nègres (Afrique).
  3. Arch. Col., même carton.