Afin de pouvoir présenter une sorte de tableau d’ensemble de nos possessions et de nos opérations en Afrique, nous nous reporterons à une pièce officielle, qui contient un résumé assez net de la situation vers la fin de l’ancien régime ; il s’agit des instructions données par le roi à la date du 18 novembre 1785 au chevalier de Boufflers, qui venait d’être nommé gouverneur du Sénégal[1]. Mais il ne faut pas oublier qu’à ce moment la traite française est en pleine décadence. Aussi compléterons-nous les indications de ce document, en ayant soin d’ajouter les comptoirs que nous avions dû alors délaisser. Le Sénégal, y est-il dit, est « en quelque sorte le chef-lieu de tous les établissements français sur la côte d’Afrique, depuis la Méditerranée jusqu’au cap de Bonne-Espérance ». Cette côte se divise en trois parties :
I. — La première va du cap Blanc au cap Tagrin et comprend :
1° Le Sénégal ;
2° L’île de Gorée[2], avec les comptoirs de Rufisque, Portudal, Joal, Salum et d’Albréda à l’embouchure de la Gambie ;
3° La rivière de Casamance, les îles Bissagots[3], les îles des Idoles, ainsi que le continent situé vis-à-vis de la rivière de Sierra-Leone, avec le comptoir de l’île Gambie.
II. — La deuxième partie, entre le cap Tagrin et le cap Lopès-Consalvès, se subdivise ainsi :
1° Les côtes, depuis le cap Tagrin jusqu’à celui des Trois-Pointes ;
2° La côte d’Or, depuis le cap des Trois-Pointes jusqu’au
- ↑ Arch. Col., F, 72.
- ↑ « Elle est nommée Gorée à cause de sa rade, qui est la plus grande et la meilleure de l’Océan, parce que ce mot signifie bonne rade ; elle peut même contenir plus de 500 vaisseaux (?). » Arch. Col., C6, vol. III, Mémoire concernant l’île et fort de Gorée, 1701.
- ↑ « Ces îles, au nombre de 30, fort petites, sont très près les unes des autres ; la plus grande n’a pas 9 lieues de tour. Chacune a son roi. Elles sont très fertiles et situées à 80 lieues au sud du Cap Vert. » Arch. Col., F, 134, p. 248.