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rons simplement de préciser les principaux points où se pratiqua la traite. Dans un volume manuscrit de la Collection Moreau de Saint-Méry[1], nous avons trouvé une pièce intitulée : Traite des noirs de 1365 à 1763. On y lit cette assertion étrange : « En 1365, des négociants de Rouen et de Dieppe imaginèrent de transporter des nègres de la côte d’Afrique à l’Amérique, et les deux villes de Rouen et de Dieppe firent ce commerce en société jusqu’en 1592. » Il va sans dire que nous nous garderons d’emprunter nos renseignements à l’auteur anonyme de cette relation fantastique. Il faut retenir seulement que ce sont bien les Dieppois et les Rouennais qui s’adonnèrent les premiers au commerce des noirs. Un mémoire daté de 1695[2] rapporte que des marchands de Dieppe n’avaient, aux environs de 1630, « qu’un fort dans une petite île qu’ils appelèrent l’île de Saint-Louis située à l’embouchure du Niger, nommée en cet endroit la rivière du Sénégal. Quelques marchands de Rouen acquirent d’eux cette habitation et ses dépendances et y continuèrent le commerce jusqu’en 1664. Au mois de mai 1664, la Compagnie des Indes-Occidentales ayant été établie, elle jugea à propos d’acquérir de ces marchands de Rouen le commerce d’Afrique, parce que les nègres lui étaient nécessaires pour faire valoir le domaine des îles. » Ce passage confirme ce que nous avons avancé au sujet de la traite française (p. 8). C’est au Sénégal qu’elle débuta ; puis, elle s’étendit successivement jusqu’au cap de Bonne-Espérance.

En même temps que les Français, s’étaient établis sur ces côtes les Anglais, les Portugais, les Hollandais et les Danois, dont les premiers surtout ne cessèrent de nous faire la plus redoutable concurrence. Presque constamment, durant la seconde moitié du xviie siècle et tout le xviiie, nous eûmes des différends avec eux à propos de délimitations de territoires mal déterminées.

  1. Arch. Col., F, 60.
  2. Arch. Col., C6, vol. I.