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victoire la rouge.

d’elle, et on l’apostrophait durement avec des gestes indignés. Victoire n’y comprenait rien, honteuse seulement de ce monde qui la regardait.

Puis la promenade recommença, agitée par cet événement, et Victoire entendait des voix apitoyées qui plaignaient les pauvres bêtes sans défense, que ces misérables servantes martyrisaient. Mais ces filles n’avaient ni cœur, ni entrailles : des brutes. Il fallait les voir le couteau à la main : elles riaient ! Madame Maleyrac racontait en gémissant que la Victoire avait saigné un porc, toute seule, sans la moindre émotion. Et quelqu’un ajouta :

— Remarquez que ce sont presque toujours les servantes de la campagne qui tuent leurs enfants. L’habitude a détruit leur sensibilité. Ces filles sont très-dangereuses. Madame Maleyrac confessa que la Victoire, avec ses cheveux rouges, ses petits yeux