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victoire la rouge.

attendez que les poulets viennent s’embrocher tout seuls, ou que les canards vous portent leur tête à couper. Voulez-vous bien courir, grosse bête…

Et Victoire reprit sa galopée autour de la cour, criant :

— Petits, petits, petits, té, té !…

Et ceux qu’elle empoignait, elle les fourrait dans sa jupe troussée, beuglant et battant des ailes, car elle les meurtrissait dans ses grosses mains affolées.

Quand elle eut saigné, tordu, étranglé à peu près son compte, elle s’accroupit en un coin de la cour pour éplumer toute cette volaille encore pantelante. Mais le temps pressait trop pour qu’elle s’attardât à l’achever. Et elle tirait, tirait, arrachait les plumes dorées, blanches ou bleues qui voletaient autour d’elle, et le fin duvet roux qui se collait à ses doigts sanglants.

Voilà qu’elle vit venir de son côté, mar-