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victoire la rouge.

Il est vrai qu’à ce régime, Victoire s’était efflanquée. Elle jeûnait et elle trimait, dormant à peine cinq heures par nuit. Mais elle passait de bons moments tout de même quand on l’envoyait travailler dehors. Madame Maleyrac ne pouvait l’y suivre, et c’était un soulagement.

Ensuite elle s’y rencontrait toujours avec des gens comme elle, des paysans, des ouvriers de la terre, et elle retrouvait là un milieu familier où elle se détendait. Les gros rires partaient, avec les plaisanteries salées. On se bourrait du poing aux épaules, on mangeait ensemble, assis par terre, les genoux hauts, la mâchoire lente, la pointe du couteau aux dents. Il y avait parfois des garçons, et l’on parlait d’amourettes.

Il arriva que l’un d’eux fut séduit par les bras robustes et vaillants de la Victoire, et lui dit gauchement que, si elle voulait, on pourrait bien quelque jour leur faire la noce.