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victoire la rouge.

nus, bêchant, semant, raclant ; ou bien elle faisait des herbes, coupait des bruyères, traînait les fumiers.

Tantôt, si quelque visite survenait, elle se fagotait jusque sous les bras dans un tablier blanc et venait passer un plateau de sirops ou de liqueurs, quelquefois les mains encroûtées de terre sèche et sous ses jupes boueuses ses pieds noirs dont les orteils passaient.

Toujours maladroite à ce genre de service, Victoire butait ou versait quelque chose, et madame Maleyrac, alors, s’exclamait, les yeux au ciel, avec des mines distinguées, se faisant plaindre d’être si malheureuse à ne pouvoir dresser une fille pour la servir convenablement.

Mais, en dedans, elle n’eût pas changé la Victoire pour n’importe quelle autre, car elle lui faisait le travail de deux serviteurs, sans compter le sien dans la maison, et rien ne chômait.