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victoire la rouge.

On ralentissait. La Victoire était toute pâle, et le bois de la bannière lui tremblotait dans les mains.

La Jameau, qui gardait le reposoir avec d’autres femmes, la voyant venir, se frotta les yeux, pensant avoir mal vu. Puis, elle attacha ses yeux sur la Rouge avec une fixité terrible, et la fermière devint blanche comme sa coiffe. Ce qu’elle voyait, et elle ne voyait plus autre chose maintenant, c’était le ventre de la Victoire. Un ventre énorme, effrayant, qui lui tombait sur les jambes et lui remontait jusqu’à la gorge. Et ce ventre s’avançait portant la bannière des vierges.

Au pied de la croix, il y avait une table avec un linge blanc, deux vases dorés pleins de lys et des cierges.

La foule était agenouillée maintenant ; l’encens fumait, les chantres criaient le Tantum ergo, et, loin, jusqu’au bout de la procession, les fidèles répétaient le chant sacré.