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victoire la rouge.

la marche. Ce dais portait des panaches et il était frangé d’or. Deux mauvais gars morveux et pillards en semaine, propres et petits saints les dimanches et jours fériés, vêtus de surplis, balançaient l’encensoir et, marchant à reculons, jetaient en l’air des poignées de roses.

Le prêtre élevait l’ostensoir, et les glands du dais s’écartaient pieusement aux quatre coins entre les mains de quatre notables du bourg, dont l’un au moins passait pour un fieffé coquin, ladre et méchant payeur, détourneur d’héritage et accapareur du bien d’autrui, hypocrite et sournois, qui trompait le bon Dieu lui-même et aurait vendu son âme pour un écu.

Plus d’un autre, comme lui, et plus d’une aussi parmi les dévotes confites, la lèvre en avant, le chapelet dans les griffes, l’œil de travers pour compter les absentes et surveiller les autres, ne valaient pas le diable et