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victoire la rouge.

La pluie tombait plus rare ; mais le ciel était noir, et, pour éclairer la marche, les vendangeurs précédaient chaque attelage, portant haut une bottelée de sarments allumés. Les uns aux autres rallumaient par instants leur torche dont la flamme couchée par le vent s’éteignait sous la pluie. Et cette clarté intermittente tombait tantôt sur une travée de vignes dont les feuilles tachées de pourpre apparaissaient tout à coup comme un champ de fleurs éclatantes, tantôt sur un taillis où traînaient des bois abattus semblables à des serpents noirs monstrueux et qui rampaient dans le jeu des ombres.

Chaque flaque d’eau devenait un miroir de feu. Les feuilles et les herbes mouillées étincelaient au bord avec leurs gouttes secouées qui tombaient.

Et d’un bout à l’autre du chemin rempli par cette caravane, des fumées montaient, à travers lesquelles rampaient les dos roux