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victoire la rouge.

chantant toutes, à grande gueulée, une naïve chanson dont les deux ou trois notes, mélancoliques et traînantes, balancées sur un ton de plain-chant, longtemps s’entendaient par delà le coteau, promenées par l’écho sonore des bois.

Par instants, quand l’ondée devenait trop lourde, on se réfugiait dans la cabane dressée comme un pigeonnier tout au beau milieu du vignoble. Il y avait là, pour siége, une litière de sarments de vigne secs et liés, roulés en bottes.

Bientôt la cheminée fumait. Une cheminée vaste où l’on fourrait un fagot tout entier. La flamme crépitait avec une montée d’étincelles. Cela faisait se dégourdir les filles qui ne se gênaient point à sécher, comme elles pouvaient, toutes leurs guenilles ruisselantes, qu’elles tordaient à pleins poings. Puis, dans ces vapeurs et ces senteurs de bête humaine, chaude et mouillée, le goûter