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victoire la rouge.

temps qu’il fit tous les quatre jours de la cueillette. C’était une fouettée continuelle de pluie qui dégringolait d’un vilain ciel gris terne. C’était un vent raide qui vous collait cette pluie dans le dos ou sur la face. Il fallait toute la belle humeur de la jeunesse abattue sur le vignoble comme une nuée de grives, pour trouver le goût de rire et de chanter en coupant la grappe sous la feuillée qui dégoulinait.

Il y en avait trente, quarante, filles et garçons, les uns toujours trop près des autres, qui, tous ensemble, montaient ou descendaient chacun sa rangée de vignes, traînant de place en place le panier d’écorces tressées qui, à chaque pas, devenait plus lourd. Et les gourmandes grapillonaient, mordant à même le grain le plus gros et se mouillant le nez et les joues, et les lèvres qui luisaient, rouges du jus. Elles allaient, se baissant et se levant, les jupes trempées, et parfois