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victoire la rouge.

elle montait sa rangée dans les vignes, à l’époque du binage, ne se laissant pas dépasser d’un cep même par le plus vigoureux des deux. Un solide compagnon, cependant, grand, large et trapu, noir et mauvais comme un Calabrais, qu’il était bien du reste, et qui mettait son plaisir à la pousser, à se presser lui-même pour la voir s’éreinter à le suivre. Lorsqu’elle était blême de fatigue, ruisselante et étranglée de sa respiration, Périco riait.

Et elle était contente de le faire rire. Cela lui faisait un plaisir d’orgueil, d’abord, et puis aussi autrement, car elle ne pouvait lâcher de regarder briller les dents blanches du Calabrais entre ses fines lèvres rouges, sous sa moustache toute petite et noire comme un trait de charbon.

Les petits yeux de Victoire clignotaient en regardant cela, comme elle eût fait en regardant le soleil ; cela les mouillait. Mais elle mettait une gloriole à lui montrer