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victoire la rouge.

manger, sans quoi elles mourraient de faim.

Et Victoire éprouvait un sentiment vague de reconnaissance pour les Jameau quand elle s’endormait, le soir, alourdie et pleine à crever de la nourriture dont elle se gavait.

Aussi elle ne se ménageait pas, et les Jameau eussent été bien empêchés, si cette fille, la meilleure servante qu’ils eussent jamais fermée chez eux, se fût avisée de les vouloir quitter. Mais cette pensée ne pouvait venir à Victoire.

En sortant de l’hospice, elle était tombée là, et bien qu’elle eût tout à l’heure dix-huit ans, et qu’elle fût demeurée à ses premiers gages, on l’eût bien surprise en lui disant qu’elle pouvait trouver de l’avantage à se louer ailleurs. Elle trimait, faisant tous les ouvrages à la maison comme servante, aux champs comme un véritable ouvrier.

Elle tenait pied aux deux garçons de ferme ; elle poussait comme eux la charrue,