Page:Peyrebrune - Victoire la rouge.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
victoire la rouge.

n’avait ni père ni mère, aucun n’y manquait, et elle ne courait risque de l’oublier.

Les Jameau, plus bienveillants que les autres, se contentaient de la nommer « la Rouge », lorsqu’ils se fâchaient. Et, peu à peu, le nom lui en était resté, même quand on lui parlait sans colère. Et Victoire y répondait fort bien, sans être offusquée. Au reste, rien ne lui faisait de peine.

Elle pensait que tous les mauvais traitements lui étaient dus, puisqu’elle était née comme cela, dont elle avait seulement un peu de honte.

Elle se faisait ce raisonnement que les chevaux ne se plaignaient pas des coups de fouet, ni les bœufs des coups d’aiguillon, ni les chiens des coups de pied, parce que leur sort était de recevoir tout cela, comme elle, qui était quasiment comme les bêtes, lesquelles n’ont point de famille et sont trop heureuses de servir les gens qui les font