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victoire la rouge.

Alors elle devint encore plus honteuse. Cependant, vers la fin du bal, elle n’y tenait plus, et il lui passa dans l’esprit de leur faire voir qu’elle sauterait tout aussi haut qu’une autre plus fine qu’elle… Alors elle prit sa jupe à deux mains, et, toute seule, pendant qu’on jouait une scottisch, elle se mit à sauter, pointer, cabrioler, lever son pied et taper son talon, en tournant brusquement, comme elle avait vu faire, tantôt sur une jambe, tantôt sur l’autre.

Et sa jupe sautait par bonds jusqu’à ses jarretières ; ses hanches sautaient, et aussi sa poitrine et son chignon, qui lui dévala tout à coup sur les épaules. Sa crinière rouge, lâchée par le fichu, enfla autour de sa tête. Elle suait, elle soufflait ; mais il semblait qu’elle fut possédée, qu’elle eût, comme on disait, le diable fourré dans ses jupes, car d’autant plus elle sautait. Et malgré qu’on fit des cris de rire autour d’elle, elle ne lâcha