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victoire la rouge.

pins, tout en haut. De là, elle dominait l’horizon ; elle s’adossa à un arbre pour surveiller le jour, dès qu’il paraîtrait.

Une idée lui vint. Elle prit dans sa poche le chapelet que lui avait donné la fermière infirme, sa dernière maîtresse, et elle se le passa au cou, comme si elle eût voulu se donner la bénédiction du bon Dieu avant de mourir.

Même elle pria, car elle n’avait point de colère. Elle avait toujours pensé que tous ces malheurs lui arrivaient naturellement, parce qu’elle était bâtarde, c’est-à-dire jetée sur terre comme une bête abandonnée, pour servir, pâtir et souffrir.

Seulement, elle s’étonna de n’avoir pas pensé plus tôt à s’en aller de ce monde. Si elle l’avait fait du premier coup de son malheur, elle n’aurait pas commis un crime en tuant son autre petit, à qui maintenant elle pensait.