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victoire la rouge.

et presque nus, sur leurs pattes repliées.

Elle leur vida des châtaignes en un coin, puis elle attrapa un agnelet tout blanc et elle s’accroupit, le tenant sur ses genoux.

Il ne cessa de crier « mé ! mé ! » avec un tremblotement de voix cassée, tandis que Victoire l’embrassait sur sa petite tête laineuse, en pleurant tant qu’elle pouvait et le dodelinant comme elle eût fait d’un enfant nouveau-né !

Tout à coup elle entendit marcher derrière la maison. Le maître rentrait. Elle souffla sa lanterne, et, se tenant au mur, elle passa dans la grange au foin, où elle avait dormi dans les premiers temps, sur une étalée d’herbe. Elle se coucha et fit l’endormie, toute froide de la peur qu’il l’empêchât de demeurer là.

Mais lui, ne la trouvant pas en son lit, vint tirer la porte où elle était, leva sa lanterne, et, quand il l’eut aperçue, il s’en alla sans rien dire.