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victoire la rouge.

Et pourtant, avant de mourir, elle était prise du besoin puissant de revenir aux lieux qu’elle ne devait plus revoir.

Alors elle se donna pour raison qu’il lui fallait soigner ses bêtes, puisqu’il n’y aurait personne pour le faire le lendemain.

Et elle reprit sa course vers la maison. Elle eut une joie de toucher encore à ces choses familières. Elle tournait et retournait par la cour, affairée, mettant de l’ordre, à mesure qu’elle tirait la paille du grenier, par la lucarne ronde où atteignait une échelle, rangeant les seaux quand elle eut rempli l’auge. Et puis elle ouvrit la grange où les veaux se tassaient en un coin, et, posant sa lanterne sur une poutre, elle emplit les râteliers vides. Elle balayait le sol, elle n’en finissait pas ; tandis que les bêtes, couchées, levaient leurs mufles et ouvraient leurs yeux larges, surpris de ces soins nocturnes. Ils eurent des mugissements doux, et ils frottaient