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victoire la rouge.

dans le sillon ouvert en criant sans relâche :

— Ah ! Maillé ! Ah ! ah ! Chabrol !

Et tapant rude sur le joug qui tenait corne à corne les deux bêtes accouplées, ou leur piquant le flanc.

Et lui venait derrière, un panier au bras gauche, la main droite levée, et il jetait le grain, à chaque pas, en trébuchant dans les mottes de terre fraîches.

Et ils montaient ainsi et descendaient presque sans repos pendant tout le jour, sinon pour laisser souffler les bœufs, dont les naseaux ruisselaient, ou pour boire, l’un après l’autre, à la cruche de grès, où la piquette de vin était demeurée fraîche.

La Victoire était bien heureuse alors, surtout lorsque l’homme était gai et qu’il la bourrait sur l’épaule d’un bon coup, par plaisir.

Un soir, ils soupaient tous les deux, face à face, les pieds mêlés sous la table, accoudés,