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victoire la rouge.

À travers les feuilles nouvelles passaient et repassaient, les ailes battantes et faisant des cris, les oisillons qui cherchaient où pendre leurs nids.

Et, de loin en loin, espacés par les bois, sur les coteaux voisins, on voyait ramper la charrue des autres laboureurs, brillante et claire derrière la tache blonde que faisait dans le noir des sillons la croupe des bœufs roux.

Et le silence murmurant de la campagne et des champs au réveil se coupait par intervalles de l’écho mourant d’une chanson lointaine, du cri rauque des geais, d’un mugissement plaintif, de l’aboiement d’un chien ou de la ritournelle perlée du pinson, ce rossignol du printemps.

La Victoire alors remplaçait le maître à la charrue. Elle virait le soc, poussait les bœufs, piquait l’aiguillon et, s’asseyant de travers au timon, se faisait traîner à demi