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victoire la rouge.

terre asséchée permit qu’on fît les labours pour semer les maïs et l’avoine.

Le Sauvage avait défriché un bon bout de bois qui allongeait d’autant ses terres. Il y voulait planter des vignes, et, pour commencer, il fumait l’endroit en y mettant des luzernes. Ça fait les terres grasses en économisant l’engrais. Mais c’est dur au labour.

C’était la Victoire qui l’aidait.

Elle arrivait le matin, sur les neuf heures, lui portant la soupe qu’il mangeait assis au revers d’un fossé, les jambes pendantes. Et, derrière lui, les bœufs ruminaient, mâchonnant leur écume blanche, les naseaux, fumants.

L’air était tiède dans la bonne odeur de la terre remuée et des herbes fraîches. Le soleil allumait tout le coteau d’une belle couleur tendre, d’un vert de printemps, avec partout la floraison hâtive des pruniers blancs et des pommiers tachés de rose.