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victoire la rouge.

pans de bois, son châle de tartan rayé et sa coiffe où pendait, ma foi, une dentelle fine. Même elle portait des anneaux d’or aux oreilles, cette fille que l’on avait vue arriver au pays à peu près sans chemise et mendiant son pain.

Tout cela faisait tort à sa réputation ; et les filles qui auraient bien voulu se faire épouser par le Sauvage disaient pis que pendre de sa servante.

Lui, quand on l’en taquinait, le soir, aux veillées, il jurait ses grands dieux que ce n’était pas lui.

Cependant, il avait eu un coup de passion pour la Victoire. Cette créature robuste, aux bras blonds infatigables, à la nuque rousse comme un soleil, si naïve et si douce au fond de sa rudesse, l’avait comme empoigné pour un temps. Et, en ce temps, il l’avait étourdie de ses générosités, si bien que la Victoire pensait qu’il tiendrait sûrement sa promesse,