Page:Peyrebrune - Victoire la rouge.djvu/232

Cette page a été validée par deux contributeurs.
224
victoire la rouge.

beugler, accroupie par terre, la tête dans son tablier.

L’homme ne disait plus rien, allant et venant, le pas furieux, le regard louche ; mais dans sa barbe hideuse il riait. Il s’arrêta tout à coup devant elle en disant :

— Quand tu auras fini, tu sais ! J’en ai assez, moi. Ah ! tu croyais que j’allais te nourrir, et t’acheter des sabots, et te garder au coin de mon feu comme une poulette, tout l’hiver, afin qu’au printemps tu files te loger ailleurs pour ma récompense, pas vrai ? Tu me prends pour un autre.

— Mais je resterai tant que vous voudrez, dit-elle, relevant la tête et joignant les mains, tout près de lui, d’un geste affolé de supplication.

— J’en serai plus sûr comme cela, dit-il ricanant. D’ailleurs, t’es par trop bête, ma pauvre fille, de refuser ton bonheur. Tu vois bien que j’ai du goût pour toi, et si tu savais