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victoire la rouge.

Quand il rentra, le soir, il avait au bout de son bâton, et qui lui pendillait sur l’épaule, une paire de sabots tout neufs, noirs, luisants, avec des semelles qui brillaient comme de l’argent, tout encloutées de clous énormes.

— Tiens, dit-il, en les jetant devant la Victoire, voilà pour toi.

C’était la première fois qu’il lui disait « toi ». Victoire demeura saisie à la vue de ce présent magnifique. Elle ne bougeait pas, toute droite, ébahie, n’osant rien dire, avec la peur d’avoir mal compris.

À la fin, elle se baissa timidement et ramassa les sabots en poussant des exclamations. C’était trop beau pour elle, vrai ! C’est qu’ils étaient en cœur de chêne, oui bien, et vernis comme pour aller à la noce…

Lui riait terriblement dans sa broussaille grisonnante. Il grommela :

— C’est bon, c’est bon, mets la soupe et allume le « chaley » pour ce soir.