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victoire la rouge.

fermes, en quelque endroit abrité où ils pouvaient se divertir à leur façon. C’étaient des marrons qu’ils faisaient griller sous une ramassée de fougères sèches et de pommes de pin. C’était un nid qu’ils grimpaient décrocher pour manger les petits. C’étaient des histoires qu’ils se racontaient, non point naïves, mais remplies des propos grossiers qu’ils entendaient dire un peu partout, en allant derrière les garçons et les filles faites, ou des choses qui se passaient dans les logis étroits où les pères et mères ne se gênent point.

Victoire apprit ainsi comment elle était venue au monde, et cela la surprenait bien un peu tout de même, malgré que ce sujet la divertit plus que tout autre ; elle avait comme un plaisir à penser que ces choses lui arriveraient sans doute un jour. On eût dit même que cela l’aidait à se dégourdir. Elle devint tout à fait vaillante en passant ses quatorze ans, qui s’en allaient finir.