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victoire la rouge.

Comme elle n’y voyait plus, à trouver l’enveloppe épineuse, encore verte, tombée dans les ajoncs, elle se baissait, marchant sur ses genoux, tâtant avec ses mains. Elle se piquait, s’écorchait, saignait, mais elle ne le sentait pas. Elle pensait au foyer, là-bas, à la marmite pleine où la soupe bouillonnait avec son odeur grasse de lard et de choux.

Décidément, la neige ne tomberait pas cette nuit, mais bien la gelée. Le ciel était devenu clair, les étoiles y montaient, pales encore, et la lune, en croissant très-doux, venait de se montrer au-dessus de la colonnade des pins. Une bise aiguë passait sur les feuilles des chênes, et les feuilletait toutes ensemble avec un craquètement léger et lointain, comme un frisson épeuré de toute la forêt aux approches des ombres.

Victoire se releva en voyant luire, au travers des fougères hautes, deux yeux plus ronds que des lucioles et qui se rapprochaient.